Il y a deux ans, nous avons lancé un défi à des lycéens : imaginer un habitat innovant et présenter le projet au salon de l’innovation régional Midinnov. Nous repartons cette année dans l’aventure en invitant cette fois-ci des élèves à repenser des savoir-faire traditionnels. Sarah revient sur les différentes étapes du projet à l’approche de la phase finale : la présentation des projets des lycéens au salon Midinnov 2018. 

Comment partager la culture de l’innovation aux plus jeunes ? Comment valoriser les savoir-faire traditionnels ? Voilà deux questions auxquelles nous essayons de répondre dans ce projet pédagogique qui sera présenté au salon Midinnov dans quelques jours, le 1er février 2018.

Rappelez-vous, en 2015, Midinnov accueillait 4 classes de lycéens qui avaient relevé le défi « Inventer l’habitat du futur ». Cette année, on relance le défi en ciblant les élèves de lycées professionnels de Mazamet et de Revel. Deux classes, les uns spécialisés dans la maroquinerie, les autres dans les métiers du bois.

Leur défi ? Imaginer une création innovante en intégrant leurs savoir-faire traditionnels.

Encourager la démarche d’innovation dès le lycée

Ces défis sont lancés par Madeeli, l’agence du développement économique, de l’export et de l’innovation en Occitanie et le Rectorat de l’Académie de Toulouse. L’idée vise à favoriser l’intelligence collective et initier aux processus de l’innovation. Et c’est là que nous intervenons. Autre partenaire précieux : Le Catalyseur. Situé au cœur du campus de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, ce tiers lieu universitaire a pour ambition de favoriser les rencontres, la co-création et les projets communs entre étudiants, mais aussi lycéens, enseignants-chercheurs et entreprises.

Cette année, la thématique porte sur les « savoir-faire traditionnels ». Mais pourtant, innovation et tradition ça ne serait pas contradictoire comme concept ? Il est vrai que l’on peut se poser la question, mais cette démarche est l’occasion de revaloriser des métiers menacés par l’industrialisation de masse en offrant aux lycéens les armes pour défendre la qualité de leur travail tout en s’adaptant aux nouveaux besoins.

Et comme pour Rome, ce défi ne s’est pas fait en un jour ! Plusieurs étapes sont nécessaires à l’émergence des 5 projets imaginés pour y répondre.


Étape 1 : initier aux méthodes de créativité

Une fois les deux classes mobilisées, nous partons à la rencontre des élèves pour les initier aux méthodes de créativité. Et nous voulons faire émerger des projets qui leur ressemblent. Au lycée des métiers d’art, du bois et de l’ameublement de Revel, nous rencontrons tous types de profils, avec pour spécialité tapisserie, tourneur,  marqueterie, ébénisterie, etc.  Ils doivent imaginer un mobilier intégrant les nouvelles technologies numériques.
Au lycée de Mazamet, la classe est plutôt homogène, formée à la maroquinerie. Leur défi est donc d’imaginer un sac innovant.

Après avoir présenté les règles de créativité et expliqué ce qu’est une innovation, nous proposons de faire le tour du problème. S’enchaînent alors quelques brainstorming pour répondre aux questions « Qu’est-ce que un sac ? » , « Qu’est-ce qu’un mobilier ? », « Que sont les nouvelles technologies ». Le principe était de désosser le problème en diverses composantes : « À quoi cela sert ? », « À qui cela sert ? », « De quoi est-ce fait ? », etc. Cette étape permet d’homogénéiser les connaissances tout en étayant les multiples possibilités sur lesquelles leur innovation pouvait s’appuyer.

Nous proposons ensuite la méthode du consultant virtuel. Chacun est invité à se mettre dans la peau d’un personnage (un artiste, un étudiant, une vieille dame de 85 ans, un sportif, etc.).  Puisque nous l’avons dit en début de séance, une innovation doit rencontrer son public. Elle doit s’adapter aux besoins des utilisateurs. En silence, chacun note ses propositions puis nous mettons tout en commun.

Les idées sont intéressantes, mais ont besoin d’être concrétisées. Pour cela nous utilisons l’empathie map. Cette méthode permet d’expliciter les interactions de l’utilisateur avec l’innovation.


Enfin, la fiche idée permet d’approfondir le projet en développant chaque aspect à l’écrit ou par un petit schéma explicatif. Les résultats de cette première séance serviront de base pour l’élaboration de maquette des idées.

Étape 2 : une journée de rencontre collective dans une lieu propice à la créativité

Chaque groupe a eu le temps de faire mûrir son projet. Il est temps désormais de leur soumettre un regard critique et constructif. Dans cette optique, nous organisons une journée collective le 10 janvier 2018 au Catalyseur.

Situé sur le campus de l’Université Toulouse III Paul Sabatier, ce lieu de rencontre est destiné aux étudiants, aux lycéens, aux chercheurs, aux entreprises, aux artistes, etc qui sont dans une démarche de création et d’innovation. Composé d’un espace de convivialité, d’un Fab Lab, d’un espace de co-working… Le Catalyseur est véritablement propice à la discussion, aux échanges et à la co-construction.

Nous convions donc 6 étudiants-entrepreneurs habitués du Catalyseur qui maîtrisent l’art et la manière de mener des projets et de lancer des innovations :

  • Nicolas Boyer, co-fondateur de Flare, un service communautaire pour les joueurs de jeux vidéo en ligne ;
  • Sevan Pacharian, co-fondateur du site internet juridique ayant pour but de rendre le droit accessible à tout le monde. Actuellement en bêta test ;
  • Juliane Woaye-Koi, porteuse d’un projet de bière naturellement sans sucres et réduite en glucides ;
  • Téo Georget, co-fondateur de Maoi, concepteur d’amplificateurs innovants pour instruments de musique. En cours de développement ;
  • Maxime Benet, fondateur de la plateforme de vente en ligne de figurines manga ;
  • Vincent Robin, co-fondateur de la plateforme OuiProject, la plateforme de lancement des projets à impact positif.

Leur rôle ? Coacher les lycéens dans leurs projets, leurs apporter les clés pour parfaire leurs créations et entreprendre. Les représentants du rectorat et les membres du Catalyseur et de l’agence Madeeli contribuent également aux collaborations.


C’est donc Science Animation qui se lance dans l’animation de ce melting pot. Nous démarrons la journée avec une petite visite du Catalyseur en commençant par le Fab Lab et ses machines de fabrication numérique. Le manager du Catalyseur Nicolas Delcey enchaîne avec une présentation plus concrète du lieu et de ce qu’il est possible d’y faire ! Petite piqûre de rappel avec cette vidéo si vous ne connaissiez pas encore Le Catalyseur 😉


 

Après que les coachs étudiants se soient tous présentés aux lycéens, nous avons le plaisir de constater que ces derniers ont vraiment mis la main à la pâte depuis les premières séances de créativité ! Chaque groupe a apporté une maquette et certains ont même dessiné des mises en situation de l’usage de leurs créations.


Après un tour de table des projets, les étudiants et lycéens posent les premières questions à chaque groupe. L’idée est de détecter à la fois les points forts et les points faibles de chaque innovation. Pour restituer ces précieux retours, chaque groupe a pris le temps de lister les atouts, les points faibles et les pistes d’amélioration envisagées à l’aide de fiches récapitulatives (fiche « points positifs », fiche « points négatifs » et fiche « idées »).


Mener un projet n’est pas une mince affaire et de nombreux aspects sont à prendre en considération. Pour cela, nous leur proposons un canevas permettant d’organiser les différentes étapes de leurs projets.


L’après-midi s’organise sous la forme d’un worldcafé. Chaque groupe doit répondre à trois questions ouvertes de manière exhaustive dans un temps limité :  « Quelles sont les étapes à franchir ? », « Mon innovation est-elle vraiment une nouveauté ? », « Comment valoriser davantage mon projet ? »

 Il y a un référent par projet et trois personnes tournent à chaque fois par table. Cette technique permet d’aider le meneur de projets à répondre à ses nouvelles problématiques.


Enfin l’étape du pitch final. Coachés par les étudiants-entrepreneurs, les lycéens préparent rapidement le pitch de leurs projets améliorés. Certains ont plutôt besoin de davantage de temps pour laisser mûrir les réflexions tandis que d’autres se lâchent clairement durant cette restitution. Cette fin de journée se termine donc sur une note assez humoristique.

L’expérience des étudiants en tant que jeunes entrepreneurs est un véritable plus pour l’apprentissage des étapes de l’innovation. Nous les remercions encore pour leur participation, leur engagement et leur diplomatie absolument nécessaire. N’hésitez pas à découvrir leurs propres projets sur le site du Catalyseur.


Dernière étape au salon de l’innovation Midinnov

Après un marathon de séances créatives, des heures de maquettage et des rondes de brainstorming, j’ai le plaisir de vous convier au salon de l’innovation Midinnov, le 1er février 2018 au centre des Congrès Diagora de Labège pour rencontrer ces participants du Défi.

Ce sera l’occasion pour eux de présenter leurs projets à des professionnels, de recueillir des réactions et de nouvelles idées, de valoriser leur démarche de recherche ! Et, qui sait, ce sera peut-être même l’occasion pour eux de récolter de nouveaux contacts 🙂 En tout cas, c’est tout ce qu’on leur souhaite !


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